Échos : chercheurs, thèses, presse, etc.

Quarante après, le 11 septembre 2013 : en dessous de l’interview de Walter Heynowski, le correspondant à Madrid du Neues Deutschland, Ralf Streck, présente une version plus proche de la vérité, celle  élaborée après consultation des archives de Miguel Herberg.

 11 septembre 2013,
 Neues Deutschland

L’interview de Walter Heynowski publiée dans le Neues Deutschland du 11 septembre 2013 (voir ci-contre) est suivi en bas de page d’un article de Ralf Streck, correspondant de ND en Espagne. Ce dernier a eu accès aux archives de Miguel Herberg.

C’est l’annonce de la parution de l’article de R. Streck qui a conduit Walter Heynowski à reconnaître pour première fois n’avoir jamais été au Chili sous la dictature et donc n’être jamais entré dans les camps de Chacabuco et de Pisagua.

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28 juin 2014, quotidien El Pais (Uruguay)

Dans El Pais (Uruguay), un article de Guillermo Zapiola, critique de cinéma et collaborateur de la Cinemateca Uruguaya.

Dans El Pais (Uruguay), un article de Guillermo Zapiola, critique de cinéma et collaborateur de la Cinemateca Uruguaya.

Guillermo Zapiola  a signé le 28 juin 2014 dans le quotidien uruguayen El Pais, le premier article en Amérique latine qui tient pour acquise l’imposture de Walter Heynowski et Gerhard Scheumann au Chili.

L’Uruguay, dont la cinémathèque a été créée dès 1952, bénéficie d’une sérieuse culture cinéphilique.

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4 juillet 2014, revue Brecha (Uruguay)

Dans Brecha, Maria José Santacreu signe un article très documenté.
Le sort d’Heynowski et Scheumann semble réglé.
Il reste des questions en suspens auxquelles nous répondrons documents à l’appui.

Lejos de Chile (Loin du Chili, ici sa version pdf)… On appréciera l’ironie du titre, écho à la séquence de Jean-Luc Godard dans le film de Chris Marker, « Loin du Vietnam » – séquence évoquée dans la page d’accueil de ce blog, H&S, l’imposture.

María José Santacreu consacre un long article très documenté à l’affaire Heynowski-Scheumann-Herberg dans la revue uruguayenne BrechaBrecha, héritière de la revue Marcha, est une revue de référence pour toute la gauche latino-américaine. On attend les réactions au Chili à cet article.

À raison prudente, Maria José Santacreu laisse des questions en suspens. Nous y répondrons documents à l’appui. Il serait temps aussi que l’autre partie, celle des amis et défenseurs d’Heynowski et Scheumann, produisent des documents d’archives authentiques et probants à l’appui de leurs « témoignages ».
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Thèse soutenue le 22 mai 2018, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, par Perrine Val :
Les relations cinématographiques entre la France et la RDA : entre camaraderie et exotisme (1946-1992)

La thèse de Perrine Val est la première thèse universitaire à traiter avec sérieux le cas Heynowski & Scheumann… et Herberg.
Jeune chercheuse, Perrine Val avait déjà évoqué les films d’Heynowski et Scheumann sur le Chili dans des articles parus en 2011 et 2013. Elle y reprenait malheureusement les grossières erreurs de Caroline Moine à propos de H&S (lire http://cluster014.ovh.net/~chilirda/chili73/?page_id=2296).
Pour cette thèse de doctorat en Histoire du Cinéma, Matthias Steinle, un de ses deux directeurs de thèse, avait vivement conseillé à Perrine Val la lecture de ce blog et lui avait suggéré de prendre contact avec moi. La doctorante a ainsi eu accès à des documents de première main, des originaux des archives de Miguel Herberg.
Perrine Val consacre près de 40 pages de sa thèse (pp 394 à 431) au « cycle chilien » de Walter Heinowsky et Gerhard Scheumann. Cette partie de la thèse est organisée ainsi :

     4.    LES DÉTOURNEMENTS DU STUDIO H&S
     4.1   Collaboration transnationale et imposture à l’origine du cycle chilien
     4.2   Instrumentaliser la situation chilienne
     4.3   Des documentaires au service de la solidarité internationale en France
    Épilogue : quelles images d’archives aujourd’hui ? »
Perrine Val écrit notamment :
“C’est bien ici d’un multiple détournement dont il s’agit : imposture d’abord, instrumentalisation idéologique de la cause chilienne au profit des intérêts est-allemands (…)

et
“Tout concourt donc à montrer que Miguel Herberg est bien l’auteur des images les plus emblématiques des films du Studio H&S sur le Chili
”.
Dans l’Épilogue, Perrine Val note :
« Le détournement des images filmées par Miguel Herberg dans des conditions périlleuses (…) se prolonge jusqu’à aujourd’hui. Reprises dans certains des films sur l’histoire du Chili produits après la dictature (on pense en particulier à Chili : la mémoire obstinée, 1997 et La Nostalgie de la lumière, 2010 de Patricio Guzmán), ces images sont devenues images d’archives en participant ainsi à l’écriture cinématographique de l’histoire du coup d’État de Pinochet.

Lors de la soutenance, Chris Wahl, le président du jury, a souligné les qualités du travail de recherche de Perrine Val et a précisé que la partie consacrée à Walter Heynowski et Gerhard Scheumann lui était apparue la plus passionnante ; un point de vue partagé par les autres membres du jury.
Matthias Steinle, le directeur de thèse, et Chris Wahl, le président du jury, sont de nationalité allemande. M. Steinle  est spécialiste du film documentaire en RDA et RFA et C. Wahl, professeur à l’Université du film de Babelsberg Konrad Wolf(*), a aussi travaillé sur le cinéma de l’Allemagne de l’Est. Ils étaient donc d’autant mieux préparés à découvrir et à apprécier cette imposture.
* Filmuniversität Babelsberg Konrad Wolf

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Une thèse dans laquelle le cas Heynowski & Scheumann et Herberg est essentiellement traité à travers les « témoignages » et conseils d’Isabel Mardones, Luis Horta et Pedro Chaskel.

Thèse soutenue en 2018 par Gonzalo  Barroso Peña à l’UNED (Espagne)
LA DICTADURA DE PINOCHET A TRAVÉS DEL CINE DOCUMENTAL

Soutenue à l’Université nationale d’éducation à distance (UNED), sous la direction d’Alicia Alter Vigil, la thèse de Gonzalo  Barroso Peña est le résultat de recherches dont une bonne part a été menée à l’occasion d’un séjour au Chili en 2014 et 2015.
Comme il le précise dans ses remerciements, l’auteur de la thèse a bénéficié de l’aide et des conseils d’Isabel Mardones, directrice de la Cinémathèque du Goethe Institut de Santiago, Luis Horta, professeur et coordinateur de la cinémathèque de l’Université du Chili et de Pedro Chaskel, tous trois ardents défenseurs des “héroïques” Walter Heynowski et Gerhard Scheumann. (voir La mauvaise foi d’Hanns Stein, Patricio Guzmán, Pedro Chaskel, Isabel Mardones, Ricardo Brodsky & Cie ).

Dans une interview publiée dans “La revue du Cinéma, Image et Son (n° 298, septembre 1975)”, W. Heynowski et G. Scheumann expliquent en détail, le subterfuge dont ils auraient usé, au risque de leur vie, pour tromper les militaires et parvenir à filmer dans les camps de Chacabuco et de Pisagua.
Près de 40 ans plus tard, dans une interview publiée le 11 septembre 2013 par Neues Deutschland, Walter Heynowski doit reconnaître qu’ils ne sont jamais entrés dans ces camps, et pas même au Chili, après le coup d’État du 11 septembre 1973.
Le terme d’“imposture” s’impose.

Dans cette thèse, Gonzalo Barroso Peña évoque les polémiques autour du cas Heynowski & Scheumann, et Herberg. Mais, s’il mentionne brièvement ce blog au passage, il reprend d’abord, sans la moindre distance critique, les arguments de mauvaise foi d’Isabel Mardones, Luis Horta et Pedro Chaskel.

Cela conduit Gonzalo  Barroso Peña à affirmer le faux avec éclat. Ainsi, il écrit :
«“La guerre des momies” et “Le coup d’État à blanc” sont deux des plus importants films qu’Heynowski et Scheumann ont tourné pendant leur présence au Chili. Ces deux films sont de bons exemples des techniques de tournage de ces deux documentaristes de la RDA qui ont réussi à obtenir des déclarations de hauts responsables du régime militaire en cachant leur but véritable : utiliser leurs déclarations pour critiquer ce qu’ils défendaient.» (pages 186-187 de la thèse)…
Des affirmations fausses puisque que 40 ans après les faits, Walter Heynowski a dû reconnaître que ni lui, ni Gerhard Scheumann, n’étaient jamais retournés au Chili dans les années qui ont suivi le coup d’État du 11 septembre (voir illustration et légende ci-dessus). Il leurs aurait donc été difficile d’interroger “de hauts responsables du régime militaire chilien”…
En janvier et février 1974, ce ne sont pas Walter Heynowski et Gerhard Scheumann qui sont au Chili pour interviewer les chefs de la junte chilienne, mais Miguel Herberg, accompagné de Peter Hellmich, le caméraman, et Manfred Berger, le preneur de son.
Dans les versions en espagnol des films du studio H&S, on reconnaît d’ailleurs distinctement la voix de Miguel Herberg qui pose les questions à l’occasion des interviews avec le général Leigh, chef des forces aériennes et membre de la junte, les pilotes qui ont bombardé la Moneda (Im feuer best anden/Mas fuerte que el fuego,1978) et avec le général Eduardo Cano, placé par Pinochet à la tête de la Banque centrale chilienne (court-métrage Gelsorgen /Lios con la plata, 1975, extrait ici). Le visionnage de ce seul extrait montre qu’Herberg mène l’interview et n’est en rien “un simple traducteur” comme l’a soutenu avec autant de mauvaise foi que d’incompétence Isabel Mardones.

Deux courriers de Juan Luis OSSA B. adressés à Miguel HERBERG (archives M. HERBERG).
Pour apprécier ces deux documents, encore faut-il connaître l’histoire de l’Union populaire et de son opposition. Ici :
Juan Luis OSSA BULNES, un des dirigeants du Parti National et leader des ultras du « Comando Rolando Maltus”, le « Padre HASBÚN”, jésuite d’extrême-droite très influent, Sergio Onofre JARPA, président du Parti National et « el padre de SOUPER”, pour désigner le père du lieutenant-colonel Roberto SOUPER, âme du “Tancazo”, la tentative de putsch du 29 juin 1973, et alors en fuite.
Il faut connaître ces personnages et leurs rôles respectifs, en juillet 1973, dans l’opposition à Savador ALLENDE, pour apprécier le travail de Miguel HERBERG dont ces courriers témoignent.

Gonzalo Barroso Peña évoque encore les déclarations qu’auraient personnellement recueillies Walter Heynowski et Gerhard Scheumann auprès de Julio Bazán, Orlando Sáenz, Sergio Onofre Jarpa, et Juan Luis Ossa Bulnes (pp. 186, 187 et 245), leaders de la droite économique et politique sous l’Union populaire. Des déclarations et interviews qui ont été intégrées dans plusieurs des films du cycle chilien du Studio H&S.
Contrairement à ce qu’affirme Barroso Peña, ces opposants à Allende ont été interviewés par le seul Miguel Herberg, qui prend aussi le son, avec Peter Hellmich à la caméra à ses côtés. Les quatre noms cités par Barroso Peña – Bazán et Sáenz n’ont jamais eu l’occasion de rencontrer, ne serait-ce qu’une seule fois, Walter Heynowski et Gerhard Scheumann. Quant à Ossa et Jarpa, notons que le courrier de Juan-Luis Ossa Bulnes qui propose à Miguel Herberg une interview avec Onofre Jarpa date du 25 juillet 1973, alors qu’Heynowski et Scheumann ont quitté le Chili depuis plus de trois mois… et n’y reviendront plus.
Gonzalo Barroso Peña cite ce blog et a donc eu accès à ces deux courriers adressés par Juan Luis Ossa Bulnes à Miguel Herberg. Les documents ci-dessus, présentés pour la troisième fois sur ce blog, figurent déjà dans deux autres parties de ce dossier, notamment dans “Les agendas de Miguel Herberg”.
Ces courriers signés Juan Luis Ossa témoignent du travail de préparation de Miguel Herberg pour tourner ces interviews au cœur de la droite chilienne, et notamment celle avec Sergio Onofre Jarpa, dirigeant du Parti National et futur ministre de l’Intérieur du général Pinochet, obtenue grâce à l’intervention de Jose Luis Ossa.
Gonzalo Barroso Peña a été incapable d’interpréter ces documents, alors que, depuis le Chili où il a passé deux ans, il aurait pu facilement en vérifier l’authenticité (à vrai dire difficilement discutable) auprès de Juan Luis Ossa Bulnes lui-même. Celà aurait été l’occasion de lui demander par qui il avait été interviewé dans les séquences où il apparaît dans les films du studio H&S.
Barroso Peña gratifie aussi (page 187) Walter Heynowski et Gerhard Scheumann de séquences qu’ils auraient tournées “dans des lieux interdits comme le quartier général de Patria y Libertad”. Là encore, Barroso Peña se trompe en reprenant un scénario diffusé par la mémoire officielle (Museo de la memoria, Mardones, Horta, etc…) qui tient à tout prix à sauver la réputation de ses deux héros de la RDA, Walter Heynowski et Gerhard Scheumann.

La thèse de Gonzalo Barroso Peña a été publiée aux éditions de L’UNED (2018).
Elle est disponible en format papier et en format numérique.

En 1983, le studio H&S a produit « Im Zeichen der Spinne (Con el signo de la araña) », un film sur Patria y Libertad, mouvement ultra-nationaliste chilien. Dans ce film, toutes les séquences liées aux manifestations de rue, aux meetings de ce mouvement, aux interviews de ses dirigeants, dont Pablo Rodriguez, et à  la visite du quartier-général du mouvement ont été tournées sous la seule direction de Miguel Herberg, le caméraman Peter Hellmich à ses côtés, et sans la moindre présence de Walter Heynowski et Gehrard Scheumann.

L’aveuglement de Gonzalo Barroso Peña vis-à-vis de l’imposture d’Heynowski et Scheumann tient d’abord à son peu d’expérience comme jeune historien. Dans les cas d’Isabel Mardones, Luis Horta et Pedro Chaskel, elle tient surtout à leur mauvaise foi et à une conception de la vérité  prisée par l’ancien régime de la DDR/RDA dont ils ont probablement subi l’influence.

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Août 2019, sortie du film “Spider / Araña” d’Andrés Wood

Le scénario d’Araña se passe sous l’Union populaire, en 1973, et met en scène des militants de Patria y Libertad, le mouvement d’extrême-droite qui avait choisi la voie violente pour affaiblir le gouvernement de Salvador Allende et qui jouera un rôle dans une première tentative de coup d’État contre Allende, le Tancazo du 29 juin 1973.
Andrés Wood, le réalisateur d’Araña utilise dans ce film certains extraits de « Im Zeichen der Spinne (Con el signo de la araña) », réalisé en 1983 par le Studio H&S. Tout les extraits utilisés par André Wood, attribués dans le générique à Walter Heynowski et Gerhard Scheumann ont en réalité été tournés par Miguel Herberg, segondé du caméraman Peter Hellmich.

La voix reconnaissable de Miguel Herberg et les correspondances quasi parfaites entre les séquences du film Con el signo de la araña du studio H&S (à droite sur ces montages) et les photos noir & blanc, ou en couleur, prises par Miguel Herberg en réalisant ces séquences (à gauche sur ces montages), laissent peu de doute sur le rôle d’Herberg.

 
 

Une des séquences tournée par M. Herberg utilisée dans le film Araña d’Andrés Wood.
https://www.youtube.com/watch?v=G7chFZlrZdA
à 1’20 » du début du trailer

Sur cette planche de contact de photos couleur de Miguel Herberg, les photos du général Eduardo Cano qui précèdent celles de Pablo Rodriguez sont la preuve que cette interview du dirigeant du mouvement Patria y Libertad a eu lieu après le coup d’État (en février 1974), donc en l’absence d’Heynowski et Scheumann du Chili. Avant Pablo Rodriguez, Miguel Herberg avait donc interviewé le général Cano, nommé directeur de la banque centrale par la junte. Cette interview de Cano par Herberg (dont on reconnaît la voix; extrait ici : https://www.youtube.com/watch?v=Cmp33VvBmUU) constituera l’essentiel du court-métrage Geldsorgen/Lios con la plata, sorti du Studio H&S en 1975.

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