La mauvaise foi d’Hanns Stein, Patricio Guzmán, Pedro Chaskel, Isabel Mardones, Ricardo Brodsky & Cie

(mise en ligne mars 2014, complété en juin 2014)

Hanns Stein, Santiago, juillet 1973. Photo prise par Miguel Herberg à l'hôtel Carrera.

Hanns Stein, Santiago, juillet 1973. Photo prise par Miguel Herberg à l’hôtel Carrera.

Hanns Steinn, interprète improvisé d’Heynowski et Scheumann au Chili en mars 1973, Pedro Chaskel et Patricio Guzmán, cinéastes, Isabel Mardones, directrice de la cinémathèque du Goethe institut de Santiago et « investigadora », Ricardo Brodsky, directeur du Museo de la memoria y de los derechos humanos, … ont participé chacun à leur place à faire vivre l’imposture de Walter Heynowski et Gerhard Scheumann.

Il faut ajouter Ignacio Aliaga, directeur de la Cineteca Nacional de Chile et du Centro Cultural Palacio La Moneda et Luis Horta, professeur et coordinateur général de la Cineteca Universidad de Chile et aussi nombre de journalistes chiliens, de gauche et de droite – à commencer par des journalistes d’El Mercurio – qui, pour des raisons différentes, ont longtemps tenu à faire d’Heynowski et Scheumann les héros communistes de Chacabuco et Pisagua.

Cette interview de Julio Bazán (la Batalla de Chile, 3), empruntée par Patricio Guzman au Studio H&S, a en réalité Miguel Herberg pour auteur. On la trouve aussi longuement citée dans "La Guerra de los momios" d'Heynowski et Scheumann, et dans "La Spirale" d'Armand Mattelart.

Cette interview de Julio Bazán (la Batalla de Chile, 3), empruntée par Patricio Guzman au Studio H&S, a en réalité Miguel Herberg pour auteur. On la trouve aussi longuement citée dans « La Guerra de los momios » d’Heynowski et Scheumann, et dans « La Spirale » d’Armand Mattelart.

Ce soutien aux imposteurs surprend et choque d’autant plus quand il vient de professionnels du cinéma – cinéastes ou directeurs de cinémathèques.

Ce soutien choque aussi particulièrement quand il vient de Ricardo Brodsky, directeur du musée de la mémoire et des droits de l’homme – un musée qui a par ailleurs réuni et met à la disposition des chercheurs une importante documentation sur la période 1973-1990, l’époque de la dictature.

En 2012, une fois la polémique lancée, le simple visionnage attentif des films du Studio H&S sur le Chili aurait permis à lui seul à ces professionnels du cinéma de repérer les traces évidentes de l’imposture. Nous tenterons de faire ici l’historique du soutien aux deux imposteurs. Nous nous intéresserons notamment aux déclarations ou écrits d’Hanns Stein, Patricio Guzmán, Pedro Chaskel, Isabel Mardones et Ricardo.Brodsky et aux réactions et articles de presse que cette affaire a suscités au Chili.

à lire :

HANNS STEIN A BEAUCOUP MENTI

PEDRO CHASKEL : PEU FIABLE

 

*

À SUIVRE… Dans un premier temps nous établirons, preuves et documents irréfutables à l’appui, que chacun des principaux protagonistes de cette affaire a menti, chacun à sa manière. Cela concerne d’abord Hanns Stein, Pedro Chaskel et  Patricio Guzmán.

Sans connaître tous les détails de l’affaire, Stein, Chaskel et Guzman ont probablement su dès les années 1970  – Guzmán au plus tard à l’automne 1975 – qu’Heynowski et Scheumann étaient deux camarades imposteurs.

Les cas d’Isabel Mardones, du Goethe Institut de Santiago, et de Ricardo Brodsky, directeur du Musée de la Mémoire et des Droits de l’homme, sont différents. Ils appartiennent à une autre génération. Trompés au départ, ils se sont trouvés piégés et ont décidé de soutenir Stein, Chaskel et  Guzmán et donc de continuer à couvrir les deux imposteurs.

La fonction même de Ricardo Brodsky, directeur du Museo de la memoria y de los derechos humanis, rend son attitude d’autant plus répréhensible.

De directeur d’un musée dont l’essence même est de dire le vrai, Ricardo Brodsky s’est dans cette affaire distingué comme fonctionnaire, apparatchik  d’une mémoire officielle passée au tamis des intérêts particuliers de telle ou telle tendance politique. Cela est surtout désolant et affligeant parce que cela met en jeu la crédibilité du musée qu’il dirige et est sensé promouvoir.

À propos de Patricio Guzmán, nous ferons cependant dès maintenant les observations suivantes :

Patricio Guzmán et l‘impostor : Miguel Herberg, l’invité fantôme des films de Patricio Guzmán.

Patricio Guzmán a tourné personnellement, et avec talent, l’essentiel des images qu’il a montées pour réaliser ses films sur l’Union populaire et Salvador Allende (les documentaires « La Batalla de Chile 1, 2 et 3 » et « Salvador Allende« ). Il n’est pas ici question de discuter ses qualités. Mais dispersées dans les films de Patricio Guzmán, on trouve aussi des séquences – au moins neuf et probablement plus – qui sont des extraits de reportages et interviews indiscutablement tournés sous la direction du seul Miguel Herberg et filmés par le caméraman Peter Hellmich.

Patricio Guzmán a donc jugé le travail de Miguel Herberg digne d’être utilisé et monté dans ses propres films. On est donc d’autant plus étonné de lire que Patricio Guzmán a en 2012 traité Miguel Herberg d‘impostor. Ces huit extraits du travail de Miguel Herberg utilisés par Patricio Guzmán concernent aussi bien la gauche, Salvador Allende et Luis Corvalán (dirigeant du Parti communiste chilien), que la droite, Julio Bazán, León Villarín, et Orlando Sáenz, trois des leaders civils occupés en 1973 à créer les conditions favorables au coup d’État militaire.

Un extrait de 45 secondes d'une interview de Miguel Herberg à Luis Corvalan, le 2 mars 1973. Film "Salvador Allende" de Patricio Guzman (2004).

Un extrait de 45 secondes d’une interview de Miguel Herberg à Luis Corvalan, le 2 mars 1973.
Film « Salvador Allende » de Patricio Guzman (2004).

Pour Luis Corvalán, León Villarín, Julio Bazán et Orlando Sáenz, les emprunts concernent des réponses à des questions posées par Miguel Herberg qui leurs fait face mais reste hors-cadre.

L’interview de Julio Bazán fait l’objet de trois reprises dans La Batalla de Chile, et les trois séquences où l’on voit Salvador Allende filmé sous la direction de Miguel Herberg concernent un même reportage tourné quelques jours avant les élections du 4 mars 1973. Notons que Julio Bazán, un des dirigeants importants des « gremios », syndicats professionnels hostiles à l’Union populaire, et plus tard collaborateur zélé de la junte, a été interviewé deux fois par Miguel Herberg, avant et après le coup d’État. C’est la première interview qui est citée à trois reprises par Patricio Guzmán. On trouvera mention des reportages et interviews de Miguel Herberg qui figurent dans les films de Patricio Guzmán dans la galerie ci-dessous. Le document n° 8 est un extrait du générique du film « Salvador Allende » de Patricio Guzmán où ce dernier fait état de ses emprunts aux films d’Heynowski et Scheumann. Dans ces emprunts, il faut compter les images saisissantes tournées par le seul Peter Hellmich le 11 septembre 1973 – le bombardement et l’incendie du Palais de La Moneda – et  les extraits des reportages et interviews de Miguel Herberg cités ci-dessus, dont Walter Heynowski et Gerhard Scheumann se sont pendant près de quarante ans prétendus les auteurs. Le document n° 9 est une vue aérienne du camp de Chacabuco filmée sous la direction de Miguel Herberg et utilisée par Guzmán dans Nostalgie de la lumière 

   
4-Interview de Luis Corvalán par Miguel Herberg (Batalla de Chile, 2)
5-Interview de León Villarín par Miguel Herberg (Salvador Allende, P. G.)
6-Interview d'Orlando Sáenz par Miguel Herberg (Batalla de Chile, 3)
7-Interview de Julio Bazán par Miguel Herberg (Batalla de Chile, 3)
8-Générique du film "Salvador Allende" de Patricio Guzman
9-Camp de Chacabuco filmé sous la direction de Miguel Herberg, dans "Nostalgia de la luz" de Patricio Guzman.
1-Reportage Miguel Herberg (Salvador Allende, Patricio Guzman)
2-Reportage Miguel Herberg (Salvador Allende, Patricio Guzman)
3-Reportage Miguel Herberg (Salvador Allende, Patricio Guzman)
4-Interview de Luis Corvalán par Miguel Herberg (Batalla de Chile, 2)
5-Interview de León Villarín par Miguel Herberg (Salvador Allende, P. G.)
6-Interview d'Orlando Sáenz par Miguel Herberg (Batalla de Chile, 3)
7-Interview de Julio Bazán par Miguel Herberg (Batalla de Chile, 3)
8-Générique du film "Salvador Allende" de Patricio Guzman
9-Camp de Chacabuco filmé sous la direction de Miguel Herberg, dans "Nostalgia de la luz" de Patricio Guzman.
1-Reportage Miguel Herberg (Salvador Allende, Patricio Guzman)
2-Reportage Miguel Herberg (Salvador Allende, Patricio Guzman)
3-Reportage Miguel Herberg (Salvador Allende, Patricio Guzman)
4-Interview de Luis Corvalán par Miguel Herberg (Batalla de Chile, 2)
5-Interview de León Villarín par Miguel Herberg (Salvador Allende, P. G.)
6-Interview d'Orlando Sáenz par Miguel Herberg (Batalla de Chile, 3)

* * *

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *